La sculpture métal me permet d’exprimer en un langage unique mes idées et mes passions :

– La certitude que toute forme artistique est intéressante si elle peut exister et être partagée dans un espace public. C’est dans la rencontre entre le geste de l’artiste et les gens autour que réside le potentiel d’une création collective, ouverte. D’où une certaine idée de l’art comme un outil d’ appropriation collective. L’art dans l’espace public permet la surprise, il donne accès au sensible là où ne subsistent bien souvent que la norme et l’interdit. Au lieu d’ en voir les limites, on peut assumer la subjectivité de l’artiste comme un déclencheur d’inspiration auprès des participants : chacun peut augmenter de son propre rêve le projet de départ, et légitimer d’ autant l’ oeuvre finale dans son lieu d’ implantation.

– La fonctionnalité dans l’art, et surtout dans l’ art public, ancre ma pratique dans le réel. Créer du mobilier artistique, des fauteuils, des chaises, ou encore des portails, ou des pergolas, nécessite un pont solide entre ma fantaisie personnelle et les exigences de pérennité et de sécurité propres aux réalisations publiques. Cette confrontation représente un défi technique : je ne peux pas tricher lorsque les personnes vont s’asseoir sur ou passer sous mes œuvres, et ma formation de constructeur-serrurier me soutient. C’est aussi un défi moral : il est un rouleau compresseur de la norme face auquel mon statut d’artiste m’ oblige à ruser, en proposant une autre façon de partager un équipement public avec les habitants du site. Mon travail se veut solide, escaladable, comme un poème utile dans la ville ou la nature ; il s’épanouit au contact de ceux qui souhaitent faire vivre le « bien public ».

– La passion du fait-main, des savoirs-faire, qui fait de mon approche artistique une expérience très sensitive, presque artisanale. Mon cursus en scénographie aux Arts Décoratifs de Paris m’a permis de pratiquer de très nombreuses techniques, et surtout d ‘apprendre à les choisir. Parce qu’une matière contient déjà en elle-même un univers historique et émotionnel propre. J’ai développé une passion pour le métal et son potentiel immense, mais me laisse entière liberté de lui combiner un autre matériau, comme le bois ou le textile.

– La passion du métal. L’ histoire du fer et de la sidérurgie est parallèle à l’histoire de l’industrie moderne, du monde moderne, de l ‘exploitation de nos ressources. Nos œuvres et nos ateliers héritent de générations d ‘artistes et d’artisans dont la persévérance et l’imagination nous font gagner un temps précieux, au moment de créer une forme nouvelle. Il faut percevoir les ressources infinies de la matière, rester toujours très proche des formes et des couleurs. Et c’est en manipulant le tout que l’idée se connecte simplement, comme une évidence, à la forme. L’acier est un matériau brut, à la fois noble et sans fard, que l’on peut récupérer, réutiliser. Une grande partie de mes œuvres sont issues de métal de récupération, ce dont je tire une grande fierté.

– La combinaison entre organique et géométrique, vegetal et structurel, oriente beaucoup mes inspirations. Qu’il s’agisse de créer un mobilier artistique, une sculpture monumentale, ou un simple dessin, mes lignes puisent leurs formes dans la nature, le corps humain et ce qui fait lien. Entre une forme organique et une structure qui la traverse, l’entoure, ou la connecte à autre chose. Ainsi les mobiliers de métal ne sont complets qu’au moment où une personne y prendra place, la traversera, créant de fait une combinaison vivante avec mon œuvre.